Entre le 15 avril et le 28 mai 2014, la Médiathèque départementale des Landes m'invite en résidence et me confie les rênes d'un atelier d'écriture pour les adolescents de St Vincent de Tyrosse.

A l'hiver 2021, on renouvelle l'expérience, cette fois avec une bande de Parentis et des écrans d'ordinateurs interposés

Le but est toujours le même: leur faire écrire un feuilleton policier. Avec un petit défis en plus: ce coup-ci, ce sera chacun chez soi...

Des ado entre 14 et 17 ans, cinq épisodes publiés sur cinq semaines, à lire ici en ligne ou à télécharger sur vos tablettes, ainsi que le journal de bord des ateliers.

L'imagination d'une bonne petite bande d'écrivains aux commandes...


Sébastien Gendron

Journal de bord # 2ème jour: mercredi 16 avril 2014



GO !



Premier jour de rédaction, premier épisode. Eilliza, Xavier, Paul et Joshua arrivent à l’heure, avec Audrey, leur animatrice. Le temps est encore plus beau qu’hier et je me dis qu’il va falloir aménager des moments de pause plus longs et plus réguliers : le skate parc voisin sent la concurrence déloyale. Mais la bande semble animée de la même verve qu’hier. On enclenche les hostilités sans tarder.



Je décide de prendre les commandes du clavier et de jouer les dactylos pour faire avancer l’écriture. Nous avons 4 heures pour sortir le premier opus de notre histoire, autant leur économiser le dur labeur de la rédaction. Il va juste falloir leur faire sortir des phrases. Je replante le décor décidé la veille : une villa sur le bord de mer de Miami – où à Miami ? nous n’avons pas décidé, mais la ville du vice est un lieux imaginaire et personne n’ira vérifier – deux copains d’enfance qui vont solder un lourd contentieux et une suite de péripéties amenant à une conclusion en cliffhanger donc.




C’est parti.

Un salon de nuit, deux hommes, une arme à feu. La première scène est pondue en deux temps trois mouvements. Une balle, du sang. Le petit quatuor me sort quelques phrases pas piquées des hannetons – il faudra que je m’intéresse de près à l’origine de cette expression. Eilliza, notamment, conclu ce brillant début par un magnifique « Les larmes montèrent aux yeux de Mike, pleins de haine et de honte. »



Pause. Ils s’envolent vers l’extérieur, Paul fait des trucs casse-gueules avec son skate, ça hurle, ça court, ça se défoule. De mon coté, je sors une chaise à l’extérieur et je poursuis la construction du blog sur lequel les épisodes et ce journal de bord seront consignés tout au long de la résidence.



Retour autour de la table. J’ai besoin de prendre des photos pour agrémenter le site. Joshua se déclare depuis hier « phobique des photos ». Je tente un panoramique dans lequel il me tourne obstinément le dos. One shot, je n’ai aucune raison d’insister. Juste choper l’instant présent tel qu’il est. Trois demi-sourires – dont celui d’Eilliza complétement déformé par le mouvement de l’appareil photo – un dos, à gauche cadre Sandrine, la bibliothécaire, à droite cadre, Audrey, l’animatrice très participative aujourd’hui. Ok !





Les trois heures suivantes voient se construire l’histoire avec un amollissement général très palpable vers la fin. Je fais mon possible pour que tout ça reste ludique, même la fatigue. Et ça marche. A 17 :00, nous avons notre premier épisode tel qu’il a été pensé la veille. On le relit, on discute des deux ou trois phrases un peu de guingois – Joshua refuse catégoriquement l’expression « au pire » et lui préfère « sinon », je ne discute pas – et c’est réglé.



Dernière missions avant le fin : trouver un titre à l’histoire. Personnellement, je pense à « Ouragan » depuis hier. Mais je me suis promis d’intervenir le moins possible dans leur choix. Eilliza voit un truc très romantique du genre « Une histoire de cœur » sous prétexte qu’il y a une affaire d’amour derrière l’intrigue. Les garçons font bloc pour réfuter l’idée mais n’ont pas mieux à proposer. Je place quand même « Ouragan» histoire qu’il puisse y avoir un outsider. Paul pige : l’ouragan, c’est ce qui va faire dérailler le plan du héros. Eilliza revient à la charge avec « Un cœur en sang ». Classe, s’exclame Paul. Mais Joshua nous grille la priorité : «  Crime à Miami ». Succès immédiat.



Eilliza, Xavier, Paul et Joshua repartent en laissant en plan les pages sur lesquelles ils ont griffonnés des dessins, des mots, des bouts de phrases, bref, de la matière. Seule interrogation : seront-ils là dans quinze jours ou y aura-t-il un tout autre groupe qui reprendra les rênes de cette histoire ? Joshua m’a déjà averti qu’à la rentrée, le mercredi, il aurait tennis à 16 :00. J’ai négocié avec lui qu’il soit présent au moins en début de séance. Ou comment faire en sorte que le sport cesse d’être un concurrent déloyal à la culture.




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