ÉPISODE 2

Le problème avec les requins de Key Biscaine était le suivant : vu le nombre de touristes qui venait chaque jour les nourrir, les pauvres bêtes n’avaient plus aucun appétit. Résultat des courses, lorsque Mike avait jeté John par-dessus bord, les squales avaient tourné autour pendant plusieurs minutes avant de le zapper sans même lui arracher un orteil. L’ouragan s’était levé quelques minutes plus tard, brassant la mer et faisant remonter le cadavre à la surface. Le vent et la force de la houle l’avaient poussé vers la cote et, ironie du sort, l’avaient ramené droit sur la villa de Mike. Le cadavre aurait pu s’échouer sur le sable mais une dernière vague particulièrement puissante avait déferlé dans le jardin et l’avait fait rouler jusque dans la piscine.

Évidemment, cette série d’incidents était impossible à déterminer au cours de l’autopsie. John n’avait pas d’eau dans les poumons, il n’était donc pas mort noyé et, bien plus visible, il avait une blessure par balle à la tempe.

            — Mike, que faisait le corps de ton ami John, dans ta piscine ? demanda le détective Patrick Wyse.

            La salle d’interrogatoire n°4 du commissariat central du Dade county était surchauffée. Mike n’avait pas besoin de ça pour suer à grosses gouttes. L’enchainement des évènements était suffisant. Oui, en effet, comment John avait pu se retrouver dans sa piscine ?

            — L’ouragan ? répondit-il.

            — Tu te fous de ma gueule, Mike ? gronda Wyse. T’as déjà vu un ouragan avec un flingue ?

            — Ok ! Patrick. Donc, tu penses que c’est moi le coupable.

            — Je ne sais pas, mais en tout cas, je fais mon boulot et mon boulot me dit que ce type était dans ta piscine avec un trou de balle dans la tête.

            Mike étouffa un rire nerveux.  

            — Qu’est-ce qui te fait marrer ? s’écria Wyse. La mort de ton pote ?

            A ces mots, Mike devint tout pâle. Wyse se calma.

            — Tu veux un verre d’eau ? demanda-t-il.

            — Je veux bien.

            Wyse se leva et alla ouvrir la porte de la salle :

            — Vas te le chercher, tu connais la maison.

            Mike Anderson quitta la pièce et alla jusqu’à la fontaine à eau qui se trouvait juste à coté de son bureau. Alors qu’il remplissait un gobelet en plastique, l’inspecteur principal Layton s’approcha de lui.

            — C’est quoi, cette histoire ? demanda Layton

            — Dites-moi la vérité, Ronald : je suis viré, c’est ça ?

        — Pour l’instant, tu es juste suspendu de cette enquête. Mais il va falloir que tu trouves une bonne explication. J’espère que tu n’y es pour rien.

            — Vous rigolez ! s’exclama Mike.

            — J’ai une tête à rigoler ?

            — Sérieusement ? Oui ! ricana Mike qui n’avait jamais supporté son chef.

            Layton sentit la colère monter. Mike était un bon flic, mais un peu trop provocateur à son gout. Avec cette affaire de meurtre, l’inspecteur chef espérait se débarrasser de lui.

            — Repars à tes ennuis, dit Layton en montrant du doigt le couloir qui menait à la salle d’interrogatoire n°4.

            Mike prit le temps de boire son verre d’eau avant de faire demi-tour. Alors qu’il arrivait à proximité de la porte que Wyse venait d’ouvrir, il aperçut Eva dans la pièce voisine, en larmes, assise face au détective Thompson. James Thompson n’était autre que le partenaire de Mike depuis trois ans. Ensemble, ils avaient résolu plusieurs enquêtes avec un certain succès. Thompson était un bon flic et le fait de savoir Eva entre ses pattes, angoissa encore plus Mike.

            — Rentre, l’interpela Wyse.

            L’interrogatoire dura encore deux bonnes heures. Mike sentait la peur monter en lui et il avait de plus en plus l’impression de passer de l’état de simple témoin à celui de suspect. Pourtant, il s’en tenait à la même version des faits : il avait passé la soirée chez lui, sans sortir, en attendant le retour d’Eva et l’arrivée de l’ouragan Athéna.

Épuisé, Mike lança à son collègue :

            — Patrick, si tu penses que je suis suspect, tu connais la musique.

            — Tu n’es pas suspect, mais…

            — Ok ! répondit Mike en sortant son téléphone portable.

            — Qu’est-ce que tu fais ?

            — J’appelle mon avocat, dit Mike en composant un numéro bidon.

            Patrick Wyse eut un coup de stress et s’écria :

            — C’est bon, tu es juste témoin.

            — Donc je peux partir ?

            Les deux hommes s’observèrent avec des regards noirs pendant de longues secondes avant que Wyse montre la porte.

            — Allez, dégage !

            Soulagé, Mike quitta les lieux.

            Dans la salle d’en face, Thompson était en train de relire à voix haute le témoignage d’Eva :

            — Vous avez donc quitté votre travail à minuit, vous êtes rentrée à votre domicile et quand vous êtes arrivée, votre mari n’était pas là. Vous lui avez téléphoné et il vous a répondu qu’il était sorti en mer pour pêcher. C’est ça ?

            Une migraine épouvantable montait à la tête d’Eva. Elle ferma les yeux et répondit :

            — Oui.

            — Ca vous semble pas étonnant que Mike soit sortie en mer alors qu’un ouragan s’annonçait ?

            Eva rouvrit les yeux et regarda le détective longuement.

FIN DE L’ÉPISODE 2

L'épisode 3 sera disponible 
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à partir du 2 mai 2014

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