ET
DE 3 !
Ma
petite bande d’auteurs de polar en herbe débarque en ordre fractionné. Premier
et en avance, Matteo prend place d’autorité à mes cotés. De retour parmi nous, Xavier
arrive en second. Dans les cinq minutes qui suivent, le reste du bataillon
entre à son tour : Eiliza (dont j’orthographie enfin correctement le
prénom après quatre séances), Nicolas, Paul (pas de skate aujourd’hui ?)
et un nouveau dans l’équipe : Francisco, 12 ans. Absences notables du
jour : Léa et son esprit critique ; Joshua et son speed créatif.
Aujourd’hui,
pas de temps pour un jeu littéraire d’introduction et à peine pour le
panoramique de groupe. D’un, il faut expliquer à Francisco l’étendue du projet
Miami ; de deux, Xavier a dentiste à 16 :00, Matteo, pala à
17:00 ; de trois, j’ai un train à Dax à 18:00 ; de quatre, un
journaliste envoyé par le Conseil Général doit venir tourner un reportage avec
interview de tout le monde, ainsi qu’un photographe ; et enfin cinq – et
pas des moindres – on doit tricoter le chapitre 3 des aventures criminelles de
Mike Anderson.
Donc,
une fois qu’on a éclairé Francisco sur les règles du jeu et qu’il a intégré le
principe du cliffhanger, je passe derrière le clavier et je lance les
hostilités.
Le moteur du groupe ne tarde pas à se mettre en route. Et, je le note, avec encore plus de motivation que les fois précédentes. Certainement parce que pour certains d’entre eux, les réflexes sont bien acquis. Toujours aussi calme, Matteo souffle ses propositions au milieu des idées criardes de ses cama rades. Francisco n’est pas en reste. Je les pousse dans leurs retranchements, les forces à finir de décrire une situation avant de passer à la suivante. Exemple probant d’une précipitation très compréhensible : quand deux hommes sont interpellés par un troisième qu’ils n’ont pas vu, ils ne répondent pas en lui tournant le dos mais font volte-face pour savoir qui leur parle. J’endigue un peu leur excitation, c’est vrai, mais je n’oublie pas l’aspect pédagogique de mon atelier : on s’amuse mais dans les règles d’une narration exigeante. Et puis je reste très vigilant sur le champ lexical. Depuis le début, je me rends compte que ces gamins possèdent un vocabulaire bien plus étendu qu’ils ne l’imaginent. A force de lire, de regarder la télé, d’écouter les adultes, ils ont un vrai dico dans la tête mais n’en utilise qu’un trop petit volume. Je les oblige donc à me fournir des expressions, des synonymes, des prépositions qu’ils ont enregistré mais n’utilisent que trop rarement. Souvent, je leur dis qu’il n’y a rien de plus moche dans un texte que les répétitions. Alors, on part en cordée à la recherche du bon mot. Pour détendre l’atmosphère, de temps à autre, je leur autorise une bonne grossièreté au détour d’un dialogue.
Après tout, on est dans le polar et puis dans la vraie vie, personne ne s’exprime comme Mme de Lafayette – et certainement pas des flics.
Le moteur du groupe ne tarde pas à se mettre en route. Et, je le note, avec encore plus de motivation que les fois précédentes. Certainement parce que pour certains d’entre eux, les réflexes sont bien acquis. Toujours aussi calme, Matteo souffle ses propositions au milieu des idées criardes de ses cama rades. Francisco n’est pas en reste. Je les pousse dans leurs retranchements, les forces à finir de décrire une situation avant de passer à la suivante. Exemple probant d’une précipitation très compréhensible : quand deux hommes sont interpellés par un troisième qu’ils n’ont pas vu, ils ne répondent pas en lui tournant le dos mais font volte-face pour savoir qui leur parle. J’endigue un peu leur excitation, c’est vrai, mais je n’oublie pas l’aspect pédagogique de mon atelier : on s’amuse mais dans les règles d’une narration exigeante. Et puis je reste très vigilant sur le champ lexical. Depuis le début, je me rends compte que ces gamins possèdent un vocabulaire bien plus étendu qu’ils ne l’imaginent. A force de lire, de regarder la télé, d’écouter les adultes, ils ont un vrai dico dans la tête mais n’en utilise qu’un trop petit volume. Je les oblige donc à me fournir des expressions, des synonymes, des prépositions qu’ils ont enregistré mais n’utilisent que trop rarement. Souvent, je leur dis qu’il n’y a rien de plus moche dans un texte que les répétitions. Alors, on part en cordée à la recherche du bon mot. Pour détendre l’atmosphère, de temps à autre, je leur autorise une bonne grossièreté au détour d’un dialogue.
Après tout, on est dans le polar et puis dans la vraie vie, personne ne s’exprime comme Mme de Lafayette – et certainement pas des flics.
Entre
les pauses régulières, les interventions du journaliste, les trouvailles drolatiques,
on arrive à mettre un point final à cet épisode 3 dont le rebondissement final,
tout classique soit-il, est une bonne trouvaille.
Quand
l’heure sonne, l’effectif est réduit de deux auteurs. Je refais lecture de
notre chapitre, je leur demande s’ils sont contents d’eux, ils le sont et ils
ont raison. On tient bien le rythme. Alors, comme tous les mercredi, je leur
lance ma réplique préférée :
—
Allez, dégagez maintenant, bande de nains !
Ils
se marrent et filent. Les ados, c’est quand même vachement bien.
Sébastien Gendron
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