GOODBYE, KIDS !
Il
en va des bonnes choses comme du reste. Elles ont une fin et c’est sûrement ça
qui leurs donnent toutes leurs valeurs. Certains acceptent d’aller jusqu’au
bout de l’expérience pour savoir comment tout va finir. D’autres préfèrent
s’abstenir, renoncer, pour garder une gout d’inachevé, une manière comme une
autre de prolonger l’événement.
Si j’applique cette pensée
toute personnelle à mon groupe d’auteurs en herbes, ça nous donne trois
présents pour cette dernière séance. Eiliza immanquablement, Francisco et
Matteo. Joshua est excusé pour cause de pont. Les autres se sont donc abstenus
et je ne leur en veux pas.
La
première chose qui m’est réclamée dès leur arrivée, c’est un cadavre exquis.
Alors
on y va, et au bout de quatre tours de table, ça nous donne ce truc qui
ressemble à dialogue de sourds version Beckett :
Les poulets font « cot-cot » !
Les vaches font « meuh-meuh »
Ca fait du bruit
Et chacun essaye de se faire comprendre, sauf que
J’aime le poulet !
Et le poulet se trouve dans la ferme d’oncle Mc
Donald.
Pourquoi on parle pas de la vache ?
Parce que la vache est complètement folle
La vache fait du yaourt !
Elle fait le lait mais c’est pas elle qui fait le
yaourt !
Mais si, avec le lait ! Bref, et le cheval il
fait de la viande !
Non, la viande, c’est le boucher qui s’en occupe
Le cheval Spanghero ! Beurk !
Et le canard il fait « quoi » !
Oh ! Un éléphant rose qui vole à coté de la lune
et qui miaule !
Vous dites vraiment n’importe quoi : ce texte n’a
ni queue (de poisson), ni tête (de cochon) !
Bref,
un bon défouloir juste avant de passer à notre épilogue dans lequel toute la
vérité sur l’affaire Mike Anderson doit éclater.
Au
moment où on commence la rédaction, Christophe Van Veen, le journaliste de
France Bleue Gascogne qui a couvert la toute première séance, débarque avec son
micro. Il m’a appelé la veille pour savoir s’il pouvait venir conclure son
sujet initial. Il promène donc son enregistreur autour de nous alors qu’on pose
les bases du dernier chapitre. Puis, à la pause, il interviewe les trois
rescapés de l’aventure pour recueillir leurs impressions. Je suis prié de
quitter la pièce avant d’y revenir pour être, à mon tour, soumis à ses
questions.
Le
reste de la séance passe à la vitesse de l’éclair. L’épisode est un peu triste,
un peu sombre, c’est normal, on l’avait décidé la semaine dernière. Et à
nouveau se pose le problème suivant : que faire de Mike ? Est-ce
qu’il se venge ? Est-ce qu’il survit ? Et que devient-il ?
On
construit, on élabore et Eiliza dessine, illustre, nous représente en train de
bosser ou bien storyboarde notre histoire.
Une
fois qu’on a relu la copie, Mattéo pose la question qui aura sous tendue nos 7
ateliers : est-ce que cette histoire sortira un jour en livre ? Leur
insistance sur ce thème de la valeur des écrits imprimés sur papier m’a surpris
dès le premier jour. Nous pensions que mettre en place un atelier d’écriture
numérique avec des adolescents était en parfaite adéquation avec les nouvelles
technologies dominantes chez les jeunes. Mais c’était sans compter sur l’idée
qu’ils se font du livre. Un livre, ce sont des pages, c’est un volume, c’est un
poids, c’est une odeur, c’est concret. Le reste, le numérique, tout ça, c’est
leur quotidien. L’exception, c’est le matériau.
Nos
gosses nous réclament des livres. Pas des liseuses.
Et
ça me rassure : je ne suis pas passéiste.
Allez,
goobye kids, et merci, du fond du cœur pour toutes ces heures grandement
enrichissantes. Vous avez mené à bien une histoire dans laquelle vous n’avez jamais
cherché à suivre la ligne manichéenne habituelle du roman policier. Vous avez
tout compris. La vie, ce n’est pas le noir d’un coté, le blanc de l’autre, et
entre les deux, un fossé. C’est tout à la fois. Bravo !
Sébastien Gendron
PS: Vous trouverez dans la colonne de droite, dans l'onglet "téléchargement", juste en dessous de l'épisode 6, un 7ème fichier epub à télécharger pour vos tablettes: l'intégral des épisodes en un seul volume, soit... "Un crime à Miami" le roman.
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